Micheline Cellier : enseigner le vocabulaire autrement
Cet article aborde la question de l’équilibre entre une approche implicite du vocabulaire en situation et une construction organisée, explicite et raisonnée.
Il propose également une démarche liée à des procédures de catégorisation, de classement et d’organisation du vocabulaire par des pratiques régulières de contextualisation, puis de décontextualisation et recontextualisation. Autant d’actions qui favorisent la mémorisation des mots et leur future exploitation choisie en production.
Faisons un point sur l’apprentissage des notions lexicales
Les trois grands domaines d’enseignement du vocabulaire du cycle 1 au cycle 3
Les 11 notions lexicales à enseigner
Progression de l’apprentissage du lexique de la maternelle au cycle 3
L’apprentissage du vocabulaire doit tenir compte de deux éléments
Organiser l’approche du lexique ;
Enclencher un processus dans la mémoire à long terme.
Les outils, structurants, doivent en rendre compte de cette mémorisation !
Les bons outils doivent donc être récapitulatifs et évolutifs pour soutenir l’effort de mémorisation et de réactivation.
Optimiser l’apprentissage incident – la contextualisation
L’acquisition des mots en classe est souvent de l’ordre de l’apprentissage implicite :
« Hors le lexique spécifique [qui relève de l’apprentissage intentionnel], les acquisitions de mots nouveaux se font majoritairement par hasard : hasard des lectures, des questions… », dit Jacqueline Picoche.
L’apprentissage explicite et organisé se révèle tout à fait nécessaire mais il ne faut pas rejeter l’apprentissage implicite qui présente un certain nombre d’avantages.
Beaucoup de mots sont brassés dans ces conditions ; ces rencontres non programmées peuvent être fructueuses car ces termes sont très bien contextualisés, condition importante d’une bonne mémorisation.
C’est pourquoi l’apprentissage implicite doit être aménagé pour devenir un peu plus opératoire.
La plupart du temps, il se révèle productif lorsqu’il s’articule sur une phase lexicale repérée comme telle.
Il suffit d’en ajouter une, par exemple, à une séquence de littérature, pour récapituler et capitaliser les nouveaux mots appris.
La création d’un outil – La décontextualisation
Il est intéressant d’opérer une étape de décontextualisation.
Outil pour décontextualiser les mots rencontrés
La figuration donne une récapitulation ordonnée des termes appris.
Chaque pétale correspondant à un champ lexical .
Les mots ne sont plus pris dans la gangue de la narration mais réunis et structurés suivant une logique linguistique
La décontextualisation les fait passer, provisoirement, du domaine du discours pris dans l’environnement d’une phrase à celui de la langue.
Avant de repasser dans le discours, dans une phase postérieure.
La « fleur » avec les pétales reste une formalisation simple et compréhensible.
Outil pour fixer les mots rencontrés lors d’une séance de littérature
Le cœur de la fleur renvoie toujours au contexte d’apparition
Quatre pétales :
1 pétale : les mots découverts ».
2 pétales : champs lexicaux,
1 pétale : notion d’emprunt à des langues modernes
Consignée dans un espace restreint, facile à retrouver la trace peut perdurer. On transforme ainsi un apprentissage incident en une acquisition explicite.
Exemple de récapitulation du lexique à partir de l’album "Le spectacle de Sami et Julie" en classe PLPS / niveau de fluence des élèves du groupe compris entre 50 et 60
Au tableau
Lors de la lecture
Dans le cahier des élèves
Outil récapitulatif commun et pérenne, affichage en classe
Récupération et recontextualisation des mots
L’écrit est un puissant activateur de la mémoire
Il présente l’autre intérêt de souligner les erreurs d’encodage.
Le réinvestissement des mots se fera ensuite lors des lectures, des productions, des situations de classe ou de vie quotidienne
De nombreuses recontextualisations sont nécessaires pour explorer les constructions syntaxiques acceptées par la langue et autorisées par les catégories
L’enseignement du lexique de spécialité
Cette procédure de récapitulation et de mémorisation du lexique peut s’adapter à toutes les matières.
Exemple en SVT :
Ce sont des rappels ludiques et nécessaires car on retient bien ce que l’on consolide : les jeux, les exercices, les productions orales ou écrites obligent à des récupérations en mémoire ; plus celles-ci seront nombreuses, meilleur et plus durable sera le stockage, plus dense le maillage.
Le site académique Dire, Lire, Écrire se destine à tous les professeurs de l’académie : titulaires, stagiaires et contractuels. C’est un espace de mutualisation et de partage qui permettra de subvenir aux besoins de nos élèves mais aussi aux besoins des enseignants, bien souvent démunis face aux difficultés des élèves de Mayotte. Ce site est donc un espace qui met à disposition des outils, des ressources et des contenus supplémentaires afin d’aider les professeurs et les élèves qui sont en difficulté.
Devenu une priorité académique, le projet expérimental "Dire, Lire, Écrire" s’inscrit sur l’ensemble du parcours de l’élève, de la maternelle au lycée. En effet, pour la majeure partie de nos élèves, le français est la seconde langue parlée, voire une langue de scolarisation. De plus, les évaluations nationales CP, CE1, 6ème, seconde révèlent une grande fragilité dans le lecture et la compréhension. Il devient donc nécessaire de déployer ce dispositif.