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L’enseignement du lexique pour entrer dans la lecture

Si l’on veut ouvrir les portes de la société française aux enfants de langue maternelle lointaine, la première urgence est de leur donner, par un vocabulaire bien maitrisé, le moyen de « penser français » autant que de « parler français » et, si possible, un bon français ».

Jacqueline Picoche

Le déficit lexical fait obstacle à la lecture
Pour rappel, les élèves apprennent à lire selon deux voies :
• la voie grapho-phonologique, dite aussi indirecte : c’est le passage de l’écrit aux sons ou décodage grapho-phonologique.
• la voie lexicale ou orthographique, dite aussi directe : c’est le passage de l’écrit au sens par reconnaissance de mots connus dont la forme orthographique a été mémorisée.
Le recours à la voie grapho-phonologique permet de déchiffrer un mot, d’accéder par la vision aux aires du langage parlé. Le mot « vu » est alors possiblement « oralisé » et la forme sonore du mot associée à son sens, si le mot est connu.

Comment développer le capital lexical ?

Le lexique doit ainsi être envisagé comme un ensemble structuré et organisé, constitué de réseaux auxquels chacun, apprenti-lecteur comme lecteur, peut faire référence pour comprendre un mot nouveau et le mémoriser en le mettant en relation avec les mots déjà connus.

Les relations entre les mots peuvent être :
• de sens : synonymie, antonymie, hyperonymie (catégorie) ;
• de forme : dérivation ;
• historiques : étymologie, emprunts divers

Qu’est-ce que la morphologie ?

La morphologie (de morpho- « forme », et -logie « science, étude ») se préoccupe surtout de la forme des mots, dans leurs différents emplois et constructions, et de la part d’interprétation liée à cette forme même.

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Les morphogrammes lexicaux sont des marques orthographiques qui permettent le lien avec les mots dérivés de la même famille : lait, marchand, tard, …
Les morphèmes dérivationnels (préfixes et suffixes) permettent la formation de nouveaux mots à partir du morphème de base (radical). Par exemple :
• fleur : fleuriste, refleurir,…
• goût : dégoûter,…
• amande : amandier,…
Les affixes sont porteurs de sens : le suffixe -ette signifie « plus petit », donc, une maisonnetteest probablement une petite maison. Ils permettent la construction de mots nouveaux : ainsi, à partir du mot de base terre, on peut écrire les mots terrain, terreau, terrasse, déterrer, enterrement.
Les morphèmes flexionnels ont essentiellement une fonction syntaxique : ils marquent le genre, le nombre, le temps, le mode, la personne

Comment travailler la morphologie avec les PLPS ?

La conscience morphologique permet un développement du vocabulaire parce qu’elle fournit à l’élève le moyen d’approcher le sens d’un mot nouveau jamais lu ou entendu. En effet, cette habileté permet d’identifier les morphèmes le composant et d’accéder à son sens à partir de celui des morphèmes plus familiers que sont les bases et affixes.

La conscience morphologique est un prédicteur important de la compréhension en lecture

Un élève ayant développé de bonnes connaissances morphologiques repère plus aisément des morphèmes connus à l’intérieur d’un mot

Enjeu orthographique

L’application des règles de correspondances phonèmes-graphèmes ne permet d’orthographier correctement que 50 % des mots.

En ce sens, les habiletés phonologiques ne peuvent assurer à elles seules tout le travail.

Sachant que 80 % des mots sont plurimorphémiques des connaissances en morphologie dérivationnelle sont donc fort utiles pour produire des
mots écrits avec une plus grande précision. Et ce, dès l’apprentissage de la lecture au CP.

Les élèves qui découvrent la combinatoire ont envie d’écrire. S’ils n’utilisent que leur compétence phonologique, ils écriront phonétiquement « comme ils entendent ».

S’ils utilisent leurs compétences phonologique et morphologique, ils écriront plus sûrement orthographiquement.*

Dès le cours préparatoire (et même en maternelle), les élèves acquièrent cette conscience morphologique grâce à un enseignement explicite.

C’est en apprenant à lire que les élèves développent leur répertoire lexical, c’est en interaction avec l’enseignant que les élèves comprennent la formation des mots et le sens des lettres muettes (lettres sens).

Comme le précise le programme, il est nécessaire d’expliciter la formation des mots (morphologie) dès la rencontre avec un mot nouveau, au cours des lectures ou écritures, de les observer, de les manipuler pour créer des fiches de mots (collectives et individuelles) selon leurs relations.

Ensuite, il est nécessaire de les répéter pour les stocker dans la mémoire à long terme.

Enfin, grâce à ces observations, manipulations et répétitions, des régularités
apparaissent.

Elles feront l’objet de systématisation au cours des années scolaires suivantes.

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En quoi l’enseignement du lexique est-il déterminant pour l’apprentissage de la lecture ? Document eduscol :

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Auteur : Camille VANREYSSELBERGE
Mise à jour le mercredi 12 octobre 2022
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ÉDITO


Le site académique Dire, Lire, Écrire se destine à tous les professeurs de l’académie : titulaires, stagiaires et contractuels. C’est un espace de mutualisation et de partage qui permettra de subvenir aux besoins de nos élèves mais aussi aux besoins des enseignants, bien souvent démunis face aux difficultés des élèves de Mayotte. Ce site est donc un espace qui met à disposition des outils, des ressources et des contenus supplémentaires afin d’aider les professeurs et les élèves qui sont en difficulté.

Devenu une priorité académique, le projet expérimental "Dire, Lire, Écrire" s’inscrit sur l’ensemble du parcours de l’élève, de la maternelle au lycée. En effet, pour la majeure partie de nos élèves, le français est la seconde langue parlée, voire une langue de scolarisation. De plus, les évaluations nationales CP, CE1, 6ème, seconde révèlent une grande fragilité dans le lecture et la compréhension. Il devient donc nécessaire de déployer ce dispositif.

Camille Vanreysselberge IA-IPR de Lettres